"La graphothérapie est à l'écriture ce que l'orthophonie est à la parole." Chantal Thoulon-Page
La GRAPHOTHERAPIE
La graphothérapie est la rééducation du geste de l'écriture. Les techniques utilisées permettent de trouver un geste fluide, efficace et confortable c'est à dire sans douleur.
Graphothérapeute ou Graphologue
Avant toute chose la graphothérapie est à différencier de la graphologie. Cette dernière analyse l'écriture pour établir le profil psychologique d'une personne. Quant à la graphothérapie, celle-ci analyse l'écriture dans le but d'une rééducation du geste. Elle permet d'améliorer une écriture peu lisible, fatigante, douloureuse, altérée et ainsi améliorer l'estime de soi. Le graphothérapeute prend en compte la personnalité et la sensibilité du patient. La graphothérapie s'adresse aux enfants, aux adolescents. Les adultes peuvent aussi consulter.
Les fondements de la graphothérapie sont posés par Roger Perron (psychologue clinicien et psychanalyste) et Hélène de Gobineau, graphologue. Ainsi, pour qu'une écriture évolue il est nécessaire que les items enfantins diminuent et à l'inverse les items d'autonomie se développent. Dans les années 60 avec Roger Perron, Julian Ajuriaguerra, neuropsychiatre français qui a créé la première école d'orthophonie, se rend compte que celle-ci ne peut pas régler les problèmes d'écriture. Il reprend les travaux d'Hélène de Gobineau et met au point une échelle d'observation de l'écriture. Elle permet de déterminer l'âge graphomoteur de l'enfant. Un trouble du geste graphique peut être détecté. Avant toute rééducation un bilan graphomoteur sera effectué.
Ainsi la graphothérapie est la rééducation du geste de l'écriture. Les troubles sont souvent liés à une mauvaise tenue de crayon, une posture inadaptée...
L’écriture est le résultat d’un long apprentissage dans lequel la main tient le rôle principal. Le développement de la motricité fine et de la motricité globale doit être suffisant pour permettre à l’enfant d’entrer dans l’écriture.
Dès l’école maternelle les enfants travaillent le graphisme. La maternelle est une étape essentielle dans l’apprentissage de l’écriture. Ils vont apprendre à reproduire des formes, manipuler, travailler sur différents supports. Petit à petit ils contrôleront leur geste et l’outil scripteur.
Les bons gestes doivent être maîtrisés avant d’être automatisés. L’automatisation du geste amènera à l’écriture. Par la répétition et avec le temps le geste deviendra plus fluide, plus rapide.
L’écriture évolue. En effet, elle se personnalisera au fil des années. La personnalisation intervient particulièrement lorsque le geste est suffisamment maîtrisé. Le tracé sera simplifié, libéré du modèle afin de gagner en rapidité.
Apprentissage de l'écriture
Les signes qui doivent alerter
Ecriture lente, fatigante
Rejet face à l'écriture
Tenue de crayon
Mauvaise organisation de le page
Erreurs de copie, de proportions et de formation des lettres
Manque de soin
Douleurs
Le graphothérapeute traite la dysgraphie qui est un trouble de l'écriture qui n'est pas lié à une déficience neurologique ou intellectuelle. Elle est souvent liée avec d'autres troubles comme la dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie... Ainsi, la rééducation du geste de l'écriture est complémentaire avec le travail fait avec les autres praticiens intervenant auprès de l'enfant (l'orthophoniste, l'ergothérapeute, le psychomotricien...). Avoir une écriture plus lisible, fluide aidera l'enfant à gagner confiance en lui.
La dysgraphie
"Est dysgraphique un enfant chez qui la qualité de l'écriture est déficiente alors qu'aucun déficit neurologique ou intellectuel n'explique cette déficience." J. Ajuriaguerra
Stress
Les enfants à haut potentiel peuvent connaître ce trouble. Il peut y avoir une dyssynchronie entre le développement intellectuel et le développement moteur. Le fait que la pensée va plus vite que la main est décuplé chez ces enfants. Il n'est donc pas rare que l'écriture d'un enfant à haut potentiel soit lente, peu lisible, impulsive, saccadée, avec des cahiers peu soignés. Mais tout cela a des répercutions sur l'estime de soi pouvant aller jusqu'à une perte de confiance en soi et une réelle souffrance.
Avant 7 ans un diagnostic de dysgraphie ne peut pas être posé mais tout enfant avant cet âge peut consulter un graphothérapeute pour corriger une mauvaise posture ou tenue de crayon, renforcer la motricité fine, travailler les formes graphiques.
Écriture illisible, peu compréhensible
Pourquoi consulter un graphothérapeute
L'écriture peut devenir pénalisante au cours de la scolarité.
Une écriture peu soignée, difficilement lisible peut développer une perte de confiance en soi. L'élève rencontre des difficultés à se relire et les autres n'arrivent pas à déchiffrer ce qu'il écrit. Il y a parfois des lettres mal formées qui entrainent des confusions. Les fautes parfois n'en sont pas, conséquences des malformations qui ne rendent pas compte de ce que l'élève écrit véritablement.
Au collège la vitesse peut rendre la prise de note difficile faisant perdre le contrôle du geste. Cela devient difficile de se relire et compliqué lorsqu'il faut apprendre ses leçons.
Lorsque l'élève est en situation de double tache (comme écrire et comprendre / écrire et écouter une consigne / écrire et réfléchir à la formation des lettres) cela devient pénalisant.
Et les douleurs (poignet, main, pouce) ne sont pas une fatalité. Elles rendent l'écriture peu attrayante provoquant un rejet même des plus jeunes, parfois dès le CP.
Qu'est ce qu'une bonne tenue de crayon
La tenue de crayon optimale est la prise avec 3 doigts : le pouce, l'index et la majeur. Il existe différentes façons de tenir son crayon mais elles se font rarement sans douleur. La prise à 2 doigts avec le pouce et l'index ne permet pas la mobilité des doigts. Le mouvement se fait alors par le poignet ce qui engendre des douleurs et un manque de fluidité. Avec la tenue palmaire le crayon est tenu avec tous les doigts (ou 4) et la paume de la main. Dès que l'on met un crayon dans les mains d'un tout-petit, le réflexe archaïque d'agrippement le poussera à prendre son crayon de cette façon. S'il n'est pas intégré ce réflexe est souvent coupable de cette prise de crayon. Danièle Dumont Le geste d'écriture préconise de ne pas donner tout de suite un crayon (souvent trop gros) dans les mains d'un tout-petit pour éviter que cette prise de crayon s'installe. Il n'y a quasiment pas de mobilité des doigts et encore le poignet est mis à rudes épreuves.
La prise tridigitale (à trois doigts) est la tenue optimale. Le pouce, l'index et le majeur ont chacun un rôle. Le pouce est le seul doigt qui peut s'opposer aux autres. Dans la tenue de crayon il est d'ailleurs opposé à l'index. Le pouce tient le crayon, mais il est également moteur dans le geste.
Dans la prise de l'outil scripteur, l'index est opposé au pouce pour tenir le crayon mais sans mettre de pression. C'est lui qui guide le crayon, il joue également un rôle de stabilisateur. Mais qu'en est-il du majeur alors ?
Le rôle du majeur est souvent sous-estimé. On parle régulièrement de pince "pouce/index" alors qu'il faudrait parler de la pince "pouce/majeur". Ainsi, le crayon est tenu entre la pulpe du pouce et la face latérale du majeur (dernière articulation). Si vous tenez votre crayon avec le pouce et l'index en ôtant le majeur de l'équation il n'y aura pas assez de fermeté dans la tenue. En revanche si vous le tenez avec le pouce et le majeur (en enlevant l'index) vous sentez qu'effectivement le crayon est mieux maintenu et ainsi l'index peut jouer son rôle de guide. Faites l'expérience !
Le rôle de chaque doigt prend ainsi tout son sens.
L'arrière du crayon va reposer sur l'arc formé par le pouce et l'index. Dans cette position "relax" le crayon pointe vers l'épaule.
La tenue du crayon n'est donc pas à négliger dès qu'un enfant est capable de tenir un crayon. Cela dépendra de son développement psychomoteur, de la motricité fine et de sa maturité. La mauvaise tenue, ou le geste accompagné d'une mauvaise posture est souvent à l'origine de la dysgraphie.